Vingt-cinquième semaine du procès
Newsletter résumant la vingt-cinquième semaine du procès (29/05/2023)

Bienvenue dans la vingt-cinquième édition de la newsletter de V-Europe. Cette newsletter est longue. Elle reprend les éléments que les procureurs ont avancé pour requérir la culpabilité des accusés concernés.

Vous souhaitez recevoir cette newsletter par mail ? N’hésitez pas à envoyer un mail à Florian Jehin : florian.jehin@v-europe.org.

Sommaire

  • Mardi 30 mai : réquisitions à l'encontre d'Oussama ATAR et de Mohamed ABRINI
  • Mercredi 31 mai : réquisitions à l'encontre d'Ossama KRAYEM et Ali EL HADDAD ASUFI
  • Jeudi 1er juin : réquisitions à l'encontre de Salah ABDESLAM et Sofien AYARI

Mardi 30 mai : réquisitions à l'encontre d'Oussama ATAR et de Mohamed ABRINI

L’audience a repris ce mardi 30 mai après un week-end prolongé par le lundi de Pentecôte. 

Les réquisitions du parquet ont commencé après la fin des lectures d’audition des témoins de moralité, qui n’ont pas apporté d’éléments nouveau. 

Les procureurs ont commencé par rappeler leur mission. Le ministère public est indépendant et demande une condamnation sur base de preuves. La société n’a rien à gagner de la condamnation d’un innocent, et c’est dans l’intérêt de l’ensemble de la société que travaillent les procureurs. La peine proposée est d’ailleurs adaptée à la gravité des faits ainsi qu’à la personnalité de l’accusé. 

Les procureurs procèdent ensuite à quelques rappels théoriques :

  • Présomption d’innocence
  • Degré de preuve : la certitude absolue n’existe pas, mais la certitude doit être au-delà de tout doute raisonnable
  • Outils pour prouver la culpabilité : dossier soumis à la contradiction, principe du contradictoire, preuve libre, faisceau de présomptions graves et concordantes
  • Les accusés ne doivent pas s’auto-accuser : droit au silence, les accusés ont le droit de mentir, on n’est jamais obligé de croire un accusé, le discours ne reflète pas d’office la vérité.

Les procureurs qualifient les faits d’assassinat dans un contexte terroriste pour 32 victimes. Il y a 529 victimes à Zaventem et 166 à Maelbeek, et tout celles qui ne se sont pas manifestées. Dix personnes sont décédées entretemps. Pour quatre d’entre elles, le parquet demande une requalification de tentative d’assassinat dans un contexte terroriste en assassinat dans un contexte terroriste.

Pour qualifier les faits d’assassinat dans un caractère terroriste, il convient de poser trois questions :

  • Meurtre : les moyens utilisés prouvent la volonté de tuer le plus de personnes possibles. Dans le cas présent, la bombe renforcée de clous et d’objets métalliques prouvent cette volonté. La volonté de tuer est également reprise dans l’audio datant de la veille des attentats.
  • Préméditation : meurtre avec réflexion préalable. Les procureurs disent qu’il y avait la préméditation dans le chef de tous les auteurs. L’achat des ingrédients pour les bombes, la réflexion sur la conception de la bombe pour faire un le plus de victimes, le branchement/activation des bombes par KRAYEM, les déplacements coordonnés pour le métro et l’aéroport ainsi que les audios sont autant d’éléments qui démontrent la préméditation au-delà de tout doute raisonnable. Tout est réfléchi et pesé.
  • Contexte terroriste :
    • L’infraction, de par sa nature ou son contexte, doit gravement porter atteinte au pays. C’est le cas en l’espèce, avec des cibles précises, lieux névralgiques et de dimension internationale (aéroport national de Zaventem, station de métro Maelbeek dans le quartier européen). Ils savaient également qu’ils terrorisaient une population plus large que la population belge en visant les vols américains, russes et israéliens.
    • L’auteur doit aussi agir avec une intention particulière, celle d’intimider gravement une population ou de pousser une autorité à faire ou à s’abstenir de faire quelque chose ou déstabiliser les structures du pays. Les trois intentions sont présentes dans ce cas-ci.

La tentative d’assassinat concerne un assassinat qui a manqué son but : ce n’est que le hasard qui a permis d’échapper à la mort et non la volonté des accusés. 

Les procureurs ont ensuite abordé la question de la participation pour faire la différence entre un coauteur et un complice. Pour être coauteur, l’accusé doit avoir fourni une aide indispensable, telle que sans l’assistante, le crime ou le délit n’aurait pas pu être commis. Le complice fournit lui une aide secondaire, utile mais non indispensable. 

Les procureurs abordent ensuite le chef d’accusation de participation à un groupe terroriste : « association structurée de plus de deux personnes et établie dans le temps et qui agit de manière concertée dans le but de commettre des infractions terroristes ». Le groupe ne doit pas avoir commis d’infraction terroriste, la vocation suffit. La participation est une aide quelconque. La participation est punissable même si on n’est pas terroriste ou qu’on n’a pas connaissance des infractions. 

Oussama ATAR

Les procureurs se sont ensuite penchés sur le cas d’Oussama ATAR. Son passé de djihadiste a joué un grand rôle dans la création de la cellule bruxelloise. EL HADDAD évoquera l’influence d’ATAR sur la radicalisation des frères EL BAKRAOUI. Il ne voit pas d’autres facteurs ayant influencés les frères EL BAKRAOUI. Il évoque également le lien familial entre ATAR et les frères EL BAKRAOUI. La radicalité d’ATAR est également mise en avant par BEN ATAL (oncle des frères EL BAKRAOUI et d’ATAR) dans le dossier de Paris : « Il est devenu une charpente du radicalisme. Son apparence était sans aucune ambiguïté comme son positionnement à l’égard des femmes ». 

ATAR est à la base de la radicalisation des deux kamikazes. Ces éléments ont été jugés par la Cour d’assises de Paris. 

Mehdi AIDA déclare à propos de ATAR : « Il avait un rôle d’émir en Syrie. C’est une légende là-bas. Tout le monde le connait mais personne ne le rencontre. Il est connu dans la communauté pour être le patron derrière les attentats de Paris et de Bruxelles. »

ATAR était le supérieur direct notamment de LAACHRAOUI, ABAOUD, … en Syrie. Depuis la Syrie, il a eu un rôle de direction dans les attentats en sélectionnant des hommes de confiance, connaissant l’Europe et pouvant suivre ses directions.  Sa kounia est Abu Ahmed.

Selon KRAYEM, ATAR a sélectionné les personnes qu’il souhaitait dans la cellule. ATAR et EL ADNANI était sur un pied d’égalité. Les dirigeants de l’EI étaient très fiers d’avoir une cellule terroriste en Europe. C’est au contact d’ATAR que la cellule s’est formée.  

ATAR a été condamné à Paris pour avoir dirigé et organisé la cellule de Paris. Il était l’émir de la LIWA ASSADIQUE sorte de force d’élite créée par EL ADNANI.

Les projets de l’ensemble du groupe sont soumis à l’émir. C’est l’émir qui détermine la manière de travailler. Il y a des projets spécifiques pour les frères EL BAKRAOUI et LAACHRAOUI. Il y a fabrication de 130 kg de TATP et demande à l’émir quel doit être le plan d’action. Il a été envisagé de remplir une bonbonne de gaz de TATP pour en faire une chambre de mitraille. Le groupe attend la réponse. LAACHRAOUI dira attendre la réponse d’ATAR avec impatience. 

LAACHRAOUI a également dit à ATAR : « Il faut travailler dans l’urgence car il n’y a plus de planque, ni de frères pour la logistique, on a décidé de travailler demain, le 22 mars. Les testaments des hommes prêts à mourir te seront envoyés. » 

Les procureurs concluent donc qu’ATAR peut être qualifié de dirigeant du groupe terroriste au sens du code pénal. 

Au niveau de la condamnation comme co-auteur des attentats, l’arrêt de la Cour de cassation du 18 mai 2022 n’exige pas d’avoir connaissance de tous les détails, celui qui utilise l’humain comme simple outil étant considéré comme ayant commis l’infraction. Les kamikazes sont utilisés par ATAR comme de simples instruments pour faire le plus de victimes possibles. 

Étant donné qu’il n’y a aucune preuve de sa mort au dossier, il n’y pas d’extinction de l’action publique. 

Les procureurs requièrent donc de condamner ATAR pour les deux sites, comme co-auteur d’assassinats pour les 32 personnes dans un contexte terroriste, de tentatives d’assassinats dans un contexte terroriste, avec requalification pour les 4 personnes, et comme dirigeant d’une cellule terroriste.  

Mohamed ABRINI

Les procureurs sont ensuite passés au cas de Mohammed ABRINI. 

Sa radicalisation était connue des membres de sa famille. Il déclarera que le djihad fait partie de la religion déjà en 2014, prouvant sa radicalisation avant son départ en 2014. L’EI lui fait pleinement confiance au point de l’envoyer en Angleterre pour récupérer de l’argent pour la cause. 

Son retour se situe dans la nouvelle politique de l’EI à savoir d’exporter les actes terroristes en dehors de la terre du Sham. Il a la confiance de ceux qu’il a fréquenté en Syrie (ABAOUD, LAACHRAOUI). Il a côtoyé des gens hauts placés et a fréquenté les membres de la LIWA ASSADIQUE

Il s’est rapidement retrouvé dans le cercle fermé des membres de la cellule de l’attentat de Paris. Après les attentats de Paris : « à ce moment-là, on te laisse le choix soit on te donne des faux papiers pour partir vivre à l’étranger ou tu rejoins activement la cellule de Bruxelles ». Il choisira de persister dans le projet terroriste et il y prendra une part active de responsabilité. C’est un membre de la première heure car il rejoint le groupe avant même certains autres. 

Après les attentats, ABRINI et KRAYEM se retrouvent rue du Tivoli, safe place absolue. Or, ils sont sans moyens de communication, preuve de la préparation d’un plan de repli. Même après les attentats, le groupe reste soudé. Pendant 17 jours, il reste caché. Ce n’est que tard qu’il décidera de quitter Tivoli. ABRINI est revenu à la cache à chaque fois qu’il en est sorti. Quand il y était avec les autres, il nettoyait ses armes et regardait des vidéos de propagande.

Il est en outre dans toutes les confidences. Il est présent pour l’enregistrement des plans par LAACHRAOUI. Cela prouve qu’ils avaient toute confiance en ABRINI qui n’est pas celui qui est mis de côté par les organisateurs. 

Dans son testament, il décrit sa volonté de mourir en kamikaze. Il déclarera également être rentré de Syrie pour frapper fort les ennemis du Sham. 

Il est intervenu comme co-auteurs des attentats de Bruxelles et il est en aveu de ces faits. Il recherche le vacillement de l’Etat. 

Il a participé à la fabrication du TATP, il vit reclus car il est recherché dans le dossier de Paris mais il participe activement à la préparation des attentats. A Zaventem, il est le premier à descendre du taxi, à traverser le passage pour piéton et à quitter le DéliFrance. On retrouve son ADN sur les gants utilisés à la fabrication du TATP. Comment peut-il fournir les détails sur les cibles, la chronologie, la préparation du TATP s’il n’était pas membre actif de la cellule ?

Tous ces éléments prouvent la corréité. Même s’il ne déclenche pas sa bombe, il participe activement à la préparation. 

Est-ce un désistement volontaire ? Voy. jurisprudence de la Cour de cassation. Le désistement volontaire suppose de renoncer spontanément à son dessin avant la consommation de l’infraction. Or, lorsqu’il renonce, l’infraction est consommée, tout du moins en partie. Il renonce simplement à se faire exploser lâchement ou par réflexe de survie. Il ne renonce pas au projet terroriste. 

Il abandonne son chariot dans un endroit avec énormément de monde et non dans un endroit si non sécurisé en tout cas moins dangereux (espace ouvert, présence de moins de monde). Sur place, il n’y avait pas suffisamment de civières, les secouristes ont utilisé des chariots à bagages. Or, ABRINI savait que sa bombe était instable. On a eu beaucoup de chance que cette troisième bombe n’explose pas en raison de l’onde de choc ou aux victimes tentant de fuir ou de sauver d’autres personnes ou encore aux morceaux de toit tombés au sol. 

ABRINI a avancé dans ses auditions qu’il était facile d’armer et de désarmer une telle bombe même s’il a changé sa version. Il n’a pas tenté de désarmer la bombe et il dira lors de la reconstitution qu’il avait conscience que cela pouvait exploser à tout moment. On le voit même fuir et se mettre à l’abri car il sait qu’une deuxième bombe va exploser. Il n’a pas tenté de prévenir les forces de l’ordre ou les personnes présentes pour qu’elles s’éloignent du chariot. 

Il a déclaré que si cela devait se reproduire, il ferait tout de la même manière. 

Les procureurs demandent donc de le condamner comme co-auteur.

Mercredi 31 mai : réquisitions à l'encontre d'Ossama KRAYEM et Ali EL HADDAD ASUFI

Ossama KRAYEM

Il ne participe pas à son procès. Probablement parce que les éléments contre lui sont trop accablants ou qu’il ne se sent pas concerné par la loi des hommes. 

Il a fourni une aide essentielle dans la préparation des attentats et peut donc être condamné comme co-auteur des attentats de Bruxelles pour les deux sites. 

Il reste acquis à la cause de l’EI. Il n’a aucun lien avec la Belgique, sa seule présence découle des liens qu’il a pu créer en Syrie avec LAACHRAOUI.

Il avoue un passé de délinquant en Suède notamment pour partir en Syrie avec la somme de 30.000 euros. 

Il déclarera : « Je ne sais pas quel est l’élément déclencheur de mon changement. Je me suis couché et en un coup, j’ai voulu suivre un islam plus moderne ». Du jour au lendemain, il ne voit plus ses amis, et fait partie du petit pourcentage de radicaux. 

Il reconnait sa présence lors de la mise à mort du pilote jordanien en 2015 mais il a une excuse : ce n’est pas lui qui brûle le pilote. 

« Quand je suis dans ma cellule et que la tasse de café tombe, cela ne me fait rien. Depuis que je suis allé en Syrie et que je suis en prison, j’ai perdu une grande partie de mon humanité. Si je tue quelqu’un, un père, une mère, je n’éprouverai rien. Toute ma vie est neutre. Si j’écope de 20 ou 50 ans, c’est neutre ». Tout sentiment a disparu. 

Il sera blessé en Syrie et rencontrera à cette occasion EL ADNANI : « Quel personnage ! On pense qu’il est très dangereux mais quand on est assis à côté de lui, c’est une personne tout à fait ordinaire ». 

Il restera un an en Syrie, c’est un combattant aguerri. Il sait tuer, il sait combattre. 

Il a été condamné à Paris sur base des éléments suivants : 

  • Il est radicalisé depuis 2011-2012
  • Il est parti en Syrie et a combattu
  • Pour lui, le djihad armé est une obligation religieuse et justifie les attentats
  • Il a intégré la LIWA ASSADIQUE, force d’élite de l’EI
  • Il a suivi en Syrie une formation aux explosifs
  • On retrouve son ADN sur plusieurs kalachnikovs
  • Il n’a pas été un témoin passif de la fabrication des bombes. Sa formation aux explosifs fait de lui un artificier. S’il n’a pas été le seul à agir, il a eu un rôle actif.
  • Il avait rejoint la cellule terroriste de manière volontaire depuis la Syrie. Il a pu avoir une connaissance suffisamment précise des plans de l’attentat du 13 novembre.

Le raisonnement à Bruxelles est le même. Arrêté le 8 avril 2016, il se présente comme Abu Omar ayant rejoint les rangs de l’EI. Il semble en être fier. 

Il déclare suivre le courant du salafisme. « Djihadisme comme vous l’appelez, moi je l’appelle islam. Quand un pays attaque un pays musulman, c’est normal de combattre. Moi, je suis parti pour ça ». Sur la revendication, il déclarera : « Je sais qu’ils ont revendiqué ces attentats. Mais moi, je ne fais plus partie de l’EI. Plusieurs personnes sont parties ». 

« L’homme voulait que nous soyons de part et d’autre du métro. Un dans le premier wagon, et moi dans le dernier. Après avoir entendu la première explosion, je devais appuyer sur le bouton ». KRAYEM fait marche arrière : « J’ai dit à l’homme que je ne voulais plus le faire. L’homme a déclaré qu’il s’en foutait que je sois là ou pas ». Il dit avoir neutralisé les explosifs que contenait son sac avec de l’eau. 

Depuis son retour de Syrie, il a partagé la vie du groupe de cache en cache. Il a vécu entre autre avec AYARI, ABRINI, ABDESLAM. Il peut sortir avec moins de risque que les autres car il n’est pas grillé. Il joue donc un rôle de ravitaillement. Il devient le confident d’Ibrahim EL BAKRAOUI : « C’est Ibrahim qui récoltait de l’argent. Les gens des autres pays voulaient nous envoyer de l’argent. Ils faisaient des dons en passant par l’EI et puis on allait récupérer l’argent ». Il participe à la fabrication du TATP. Il participe également aux achats de la cellule (acide, bac en plastique, poubelles, sac à dos, …). Tout se fait discrètement, l’air de rien en se mêlant à la foule. Il achètera avec EL BAKRAOUI des vélos elliptiques. Un pour Forest (BELKAID, AYARI et ABDESLAM) et un pour Schaerbeek. Il faut s’entretenir pour combattre. 

Suite à l’incendie, il sera logé chez « Amin » à savoir Hervé. Il sera reconduit à Max Roos par Amin. Il quittera ensuite Max ROOS pour la rue des casernes où se cache EL BAKRAOUI. Il ne peut pas sortir car sa photo est sortie. KRAYEM s’occupe de lui. 

Il choisit soigneusement les poubelles. Il refusera les poubelles légères en plastique. Il veut des poubelles en métal pour que cela fasse plus mal. 

Les achats de précurseurs par KRAYEM sont des aides indispensables à la commission des attentats et prouvent son implication dans le groupe terroriste. Il doit donc être condamné comme co-auteur des assassinats et tentatives d’assassinats. Le TATP sera utilisé pour les deux sites. Il doit donc être considéré comme co-auteur pour les deux sites. 

Ce n’est pas pour rien qu’il quitte la rue du Dries pour aller à Max Roos, là où les bombes sont fabriquées. Il a déjà aidé à fabriquer les explosifs en Syrie, notamment des ceintures pour des martyres. 

La quantité produite nécessitait que plusieurs personnes y travaillent. 

Les empreintes de KRAYEM sont retrouvées sur un ventilateur. Cela peut paraître innocent mais cela sert à sécher le TATP. On les retrouve également sur les sachets de boulons (utilisés pour renforcer la force meurtrière des bombes), la foreuse (utilisée pour percer les poubelles), les sceaux, … ABRINI affirme lors de la reconstitution qu’il a vu KRAYEM plusieurs fois dans le labo. 

Deux vestes portant des traces de brûlures ont été portées par KRAYEM. 

ABRINI expliquera également : « KRAYEM a envoyé des coups de seringue d’acide chauffé dans les bocaux. Il fallait en même temps mélanger et y ajouter des glaçons. A un moment donné, ça a pris feu et ça a explosé. KRAYEM a été brulé au visage. En ouvrant la porte, j’ai senti une chaleur. Il jetait de l’eau mais au plus il en jetait, au plus cela brulait. EL BAKRAOUI a été acheté des pommades. » Dans les écoutes de la Sureté de l’État on peut entendre : le suédois s’est cramé le visage.  Plusieurs accusés ont déclaré que KRAYEM avait une tache rouge au visage. Il présente toujours une tuméfaction lorsqu’il est arrêté. Tout cela prouve son implication dans la fabrication des bombes. 

Il a également fourni une aide essentielle dans l’explosion du métro puisque c’est lui qui active la bombe de Khalid EL BAKRAOUI en sachant pertinemment ce à quoi elle allait servir : « C’est moi qui ait mis la deuxième batterie. J’ai fait la manipulation en rue ». Sans cette manipulation, la bombe n’aurait pas explosé. Les deux attentats étaient coordonnés, synchronisés. Il doit donc être considéré comme co-auteur pour les deux sites. 

En Europe, il est possible de renoncer à une opération sans risque. L’EI n’a jamais abandonné les hommes qui ont travaillé pour lui. C’est la volonté d’Allah de ne pas agir à ce moment-là, cela ne pose pas de problème. KRAYEM n’est pas laissé sans ressource, il retourne chez Hervé et donc EL MAKHOUKHI avec un contact en Syrie pour recevoir de l’argent, des armes ou encore retourner en Syrie. Faute d’avoir pu contacter la Syrie, il contacte son frère pour tenter de rentrer en Suède. 

« Je sais beaucoup de choses mais que je ne peux dire. Je ne veux pas donner des noms ». Il ne veut pas dénoncer les frères qui peuvent encore travailler, qui sont vivants. Il est fidèle à sa parole. KRAYEM justifie les attentats : « Un état musulman a été attaqué par un pays non musulmans, c’est le motif des attaques. La foi, c’est ce qui pousse les gens à résister, à mourir. Mais pas ici. Là-bas j’ai un ennemi qui me tire dessus donc je ne vais pas lui donner des fleurs. Ici, c’est la population, là-bas la population n’est pas un ennemi ». KRAYEM ne considère pas l’Europe comme un champ de bataille pourtant il a aidé ses frères à tuer ici en Belgique. « Là-bas il s’agit d’une terre de guerre donc c’est normal d’agir là-bas. (…) Si j’avais été dans une terre de guerre, j’aurais été le premier à appuyer sur le bouton ». S’il avait été en Syrie, il aurait été jusqu’au bout, il serait mort lui-même. C’est sans sentiment qu’il a fourni l’aide indispensable pour commettre les attentats. Peu importe qu’il ait renoncé, il avait déjà fourni l’aide essentielle. 

Pour KRAYEM, seule la religion prime et l’EI applique la religion. Lorsqu’on a atteint un certain degré de foi, il n’y a plus de peur de mourir. 

Les procureurs demandent une condamnation comme co-auteur pour les deux sites pour assassinats, tentative d’assassinats et demande de requalification pour les 4 personnes en assassinat. Ils demandent également une condamnation pour la participation à un groupe terroriste. 

Ali EL HADDAD ASUFI

Il a été condamné à Paris mais la période infractionnelle diffère et les lieux sont différents. 

Il a toujours nié les faits à Paris mais dit avoir accepté la décision car il se sentait « fatigué ». S’il avait de réelles raisons de faire appel, il aurait dû le faire sachant que le procès pour Bruxelles arrivait, même fatigué. 

La socle de Paris va mener aux attentats de Bruxelles. La Cour d’assises de Paris relèvent les éléments suivants : 

  • Contact important avec les frères EL BAKRAOUI et les savait radicalisés
  • Il rend visite en prison à EL BAKRAOUI
  • Contact avec ATAR
  • BEN ATAL (oncle des frères EL BAKRAOUI) a déclaré « j’ai pu remarquer la radicalisation donc BAKALI et ASUFI devait le savoir aussi »
  • Aide continuelle de EL HADDAD pour aider Ibrahim EL BAKRAOUI à rejoindre la Syrie
  • En septembre 2015, il sait que EL BAKRAOUI veut s’installer en Syrie
  • Exploitation de la ligne téléphonique et vidéo des Casernes, au-delà de l’intermédiaire pour un logement, il a continué à rendre de nombreuses visites de manière assidue aux frères EL BAKRAOUI.

Si en 2015, il avait déjà connaissance de la radicalisation des frères, il en est de même en 2016. 

Les procureurs établissent leurs réquisitions autour de 5 axes : 

1. Les armes

Il fait deux déplacements en 2015 avec les frères EL BAKRAOUI et son cousin afin de se procurer des armes à Rotterdam, mais il prétend ne pas en avoir trouvées.

La Cour d’assises de Paris justifie la provenance néerlandaise des armes de la manière suivante : KRAYEM rapporte des confidences d’EL BAKRAOUI pour aller chercher des armes au Pays-Bas, et la kalachnikov retrouvée rue du Dries provient des Pays-Bas (ce que souligne l’expert CHABOTIER). La cellule a donc bien eu recours à une filière néerlandaise pour se procurer des armes. 

EL BAKRAOUI n’est pas retourné aux Pays-Bas chercher des armes après Paris parce que plus personne ne bougeait. En octobre 2015, quelqu’un qui n’était pas dans les caches devait donc aller chercher les armes. Il n’y a qu’EL HADDAD qui pouvait remplir cette mission.

Les procureurs notent que le cousin d’EL HADDAD a été acquitté pour la vente d’armes mais que ce jugement ne concerne que le cousin et non EL HADDAD lui-même. 

A Paris, EL HADDAD refusera jusqu’au bout de donner le moindre détail concernant les acheteurs ou les vendeurs pour corroborer ses dires. Il prétend être allé acheter de la drogue aux Pays-Bas plutôt que des armes sans pour autant soutenir son propos avec des éléments tangibles. Les prix correspondent d’ailleurs plus à des armes qu’à de la drogue. 

Le 27 mars 2016, une partie de la cellule d’Argenteuil est arrêtée à Rotterdam avec 45kg de munitions achetées au Pays-Bas. La cellule possédait les coordonnées d’un fournisseur d’armes où EL HADDAD s’est rendu selon son GPS. 

En octobre 2015, EL HADDAD se retrouve à l’avenue des Casernes avec Ibrahim EL BAKRAOUI. Il dira alors à son cousin : « Je vais monter maintenant avec un ami et j’espère ne pas venir pour rien ». Il prendra la route pour Rotterdam. L’escapade en Hollande n’aura pas durée 3 heures. Sur le chemin du retour, au moment où il passe la frontière, il enverra à son cousin « tout va bien ». Comme pour dire que le point chaud du trajet, la frontière, est passé. Une fois de retour à 5h du matin le 29 octobre 2015, EL HADDAD enverra à son cousin « Merci cousin, tu es le meilleur ».  Le 15 mars il enverra à son cousin : « à propos de ce que tu cherches, il n’y a rien ». Ils diront qu’il y avait une pénurie de stupéfiants en Hollande. 

Le 24 mars a lieu la première perquisition chez EL HADDAD : on retrouve 126gr de cannabis. Pourquoi se plaindre d’une pénurie s’il a encore 126 grammes chez lui ? Cela a fait l’objet d’un PV distinct et d’un jugement distinct. Le jugement relève que sa défense qui consistait à dire que c’était pour sa consommation personnelle était justifiée. Il ne peut être considéré comme vendeur de stupéfiant. Les messages concernent donc bien de la vente d’armes. 

EL BAKRAOUI s’est également tourné vers son serviteur pour trouver des armes de poings : pour se protéger et s’assurer du déclenchement des bombes s’il y avait eu des réactions des forces de l’ordre avant l’activation. 

Dans son véhicule, on retrouve un document qui reprend une copie du certificat médical d'EL HADDAD envoyé à son employeur avec, au dos, les inscriptions manuscrites suivantes : « Remington, calibre x, Zastava, … ». EL BAKRAOUI demande des armes de poings et pour qu’EL HADDAD n’oublie pas, sur un bout de papier qui trainait dans la voiture, il note les modèles nécessaires. EL HADDAD l’a rangé derrière le part soleil, côté conducteur, de son côté. Du 21 au 22 janvier EL BAKRAOUI et EL HADDAD se sont vus (ils bornent rue des Casernes) et c’est à l’occasion de ce déplacement qu’EL BAKRAOUI aurait noté les références des armes qu’il lui a demandé d’aller chercher. Il était donc chargé de trouver les armes pour le groupe. 

2. La fréquentation des appartements 

Casernes

Il a visité plusieurs caches des terroristes. Ce qui montre un signe de confiance. Il a déniché le studio de la rue des Casernes qui a été jugé suffisamment sûr. 

Le nombre de visites sur place montre qu’il n’a pas été un simple intermédiaire entre Smail et Ibrahim. C’est de Verviers qu’il reçoit ses missions. Il va à Verviers les 17 et 29 septembre 2015 avec le cousin Yassin ATAR comme s’il faisait partie de la famille. (N.B. le 17 septembre correspond à l’arrivée de kamikazes français). 

La téléphonie montre que les contacts avec FARISI se limitent à un mois entre le 4 septembre et le 4 octobre 2015. Smaïl FARISI déclare qu’EL HADDAD s’est montré très intéressé par l’appartement et qu’il voulait le rendre rapidement disponible. Une fois Ibrahim dans l’appartement, il n’avait plus besoin de Smaïl et les contacts ont cessé. FARISI était un ami d’école, il savait qu’il pouvait avoir confiance et qu’il ne les dénoncerait pas. 

EL HADDAD a tenté de sortir FARISI du pétrin dans lequel il l’avait mis. Il n’a pas parlé de la cache des casernes lorsqu’il est arrêté la première fois le 24 mars. Il aide également son ami en changeant le nom de fumier en fermier. En faisant ça, il espère éloigner FARISI du dossier. 

EL HADDAD passera beaucoup de temps dans la studio des casernes pour y rencontrer EL BAKRAOUI (dans le dossier Paris pour une durée de 21h30 et après Paris pour une durée de 14h30). Il déclarera que c’est pour parler de tout et de rien. Peut-on vraiment croire qu’il parlait de tout et de rien alors que toute l’attention était concentrée sur la traque des terroristes à Bruxelles ?

Juste après Paris, EL BAKRAOUI devait se planquer et EL HADDAD apporte son aide notamment en apportant des pizza. 

Après le 8 janvier 2016, il n’est plus vu à l’avenue des casernes. Il expliquera qu’Ibrahim ne parlait plus que de Syrie, il était dans son trip et on avait plus rien à se dire. « On s’est dit chacun son chemin ». Qui se cache derrière ce « on » ? Il ne reste plus que Smaïl FARISI pour discuter sur la portée des discours d’EL BAKRAOUI. A cette période, il y a également une diminution des venues de FARISI à l’appartement. 

EL HADDAD continuera d’aider malgré qu’il sache qu’Ibrahim véhicule des idées extrêmes. Il aidera donc en toute connaissance de cause.  

Max Roos

On peut croire qu’il s’est limité à apporter une planque (rue des casernes). Mais il est également lié à Max Roos, il connait cette planque alors que même ABDESLAM et AYARI ne la connaissent pas. Il est donc membre senior de la cellule. EL HADDAD niera connaître l’existence de cet appartement. On retrouve son ADN sur un gobelet. Il dira qu’il s’est rendu sur place une seule fois et qu’il y a bu de l’eau. Il s’empressera de dire que c’était en janvier ou février 2016. Erreur, en janvier 2016, l’appartement n’est pas encore loué. 

Il a probablement été le premier du groupe au courant de la signature du bail vu qu’il est proche des frères EL BAKRAOUI. Seule la date du 18 février peut correspondre à sa présence sur place à la rue Max Roos (borne). 

Le verre est retrouvé dans la rue dans le carton de la poubelle Brabantia. Les poubelles ont été achetées le 19 mars et les cartons déposés dans la rue le 21 mars 2016. Avant le 19 mars, on ne pouvait rien mettre dans le carton de la poubelle puisqu’il n’était pas encore acheté. Il maintient qu’il n’est allé qu’une seule fois à Max Roos et non deux. Il limite son implication en esquivant tout ce qu’il est possible de nier. Peu importe qu’il y ait été le 19 ou le 21 mars, il suffit d’une fois. Ces dates correspondent à la présence des poubelles. 

A ces dates, il a pu observer l’ensemble des plans : présence de TATP, frôler les sacs de clous, les armes,… Le seul fait qu’il ait pu entrer dans l’appartement prouve qu’il avait leur confiance et qu’il était membre du groupe. 

Les expertises ADN montrent qu’il s’y est rendu plusieurs fois et non une simple fois lorsque l’appartement était vide. On retrouve son ADN accessoire sur le garde main d’une arme. On est au troisième stade dans l’échelle de certitude. Les experts penchent pour une ADN de transfert. Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pas d’un ADN volant, EL HADDAD a nécessairement dû se trouver dans les lieux. 

On retrouve également ses traces ADN dans la veste portée pour la préparation du TATP. On retrouve dans la poche de cette veste les noms d’Imran et d’Amin. Les traces ADN disparaissent lorsqu’elles sont en contact avec une autre ADN. Or, ici on retrouve trois traces ADN dans la veste donc elle a été portée peu de temps avant sa découverte, le 22 mars, par ces trois personnes dont EL HADDAD. 

Seules 5 personnes sont rentrées dans cet appartement (outre le propriétaire et l’homme à tout faire) et par deux fois, on retrouve l’ADN modéré d’EL HADDAD. 

Il connait donc LAACHRAOUI. D’autant que ce dernier ne sortait pas beaucoup et EL HADDAD a dû le croiser à l’appartement. 

Rue du Dries 

Il est également relié à la rue du Dries puisqu’après un appel provenant d’un phone shop d’un habitant de la rue du Dries, il se déplacera et activera les pilonnes desservant la rue du Dries. (2 janvier 2016). A la demande d’EL BAKRAOUI, il s’est rendu à Forest. C’est le moment où la cellule se reconstruit pour à nouveau frapper l’Europe.  

3. Rôle de chauffeur 

Il a joué le rôle de chauffeur notamment pour Ibrahim EL BAKRAOUI. Il était pratiquement le chauffeur privé d’Ibrahim. 

Plusieurs fois EL HADDAD borne à la rue des casernes juste au moment où EL BAKRAOUI rentre dans le bâtiment. Il continuera de le véhiculer (sans entrer dans le bâtiment) même après le 8 janvier, moment où il déclare se distancer d’EL BAKRAOUI devenu trop radical. Le 17 mars Ibrahim EL BAKRAOUI essaie de joindre EL HADDAD à trois reprises. 

Le 21 mars entre 22h05 et 23h34 il se trouve sur l’antenne qui dessert l’antenne de la rue Max Roos à moins de 9h de l’attentat. Il sera un des premiers et un des derniers à fréquenter son ami Ibrahim. Pour être dans l’appartement, il fallait passer devant les valises dans le hall.  

4. Téléphonie 

Il jongle avec deux cartes et deux téléphones. Il déclare en utiliser un pour ses communications internationales car moins cher. Parfois il souhaite garder un numéro discret, il déclarera même ne pas connaître ce second numéro tellement il veut être discret. 

Entre le 24 mars et juin 2016, il a fait disparaître de son téléphone tous les contacts qui pouvaient lui porter préjudice (retrouvés grâce au retrozoller) : BAKKALI, les frères EL BAKRAOUI, … Il déclare ne pas savoir qu’il allait être à nouveau arrêté. Alors pourquoi l’a-t-il fait ? Il souhaitait présenter le profil le plus lisse possible.  

5. Clé USB TDK 

Le 9 juin 2016, on saisit chez lui une clé USB de marque TDK qui contient des messages pour toute une série de personne : Yassin ATAR, fermier (= fumier), pour ma mère (de la voix d’EL BAKRAOUI, BAKKALI, … Il connait toutes les personnes et il sait chez qui il doit remplir cette mission. 

C’est à EL HADDAD qu’on confie cette mission. Il est presque de la famille. Pourquoi EL HADDAD ? Il est connu également de tous ceux à qui les messages sont portés. 

Quand on reprend le message audio « pour les frères » : EL BAKRAOUI dit qu’on ne va pas citer de noms car on ne sait jamais mais le frère qui va vous le faire écouter, il sait à qui il doit le faire écouter. 

Selon EL HADDAD, on est venu déposer une enveloppe dans sa boîte en avril. On ne retrouvera pas d’enveloppe avec l’inscription « pour maman ». Pourtant EL HADDAD ne jette rien (jusqu’à la réservation d’embarcation pour Ibrahim en 2015 lorsqu’il tentait de rejoindre la Syrie, ce pour quoi EL HADDAD l’a aidé) alors pourquoi jeter cette enveloppe qui apporte du crédit à ses propos. 

Selon l’enquête (version plus probable), il reçoit cette clé la veille au soir à Max Roos (21 mars). A 22H57 le 21 mars, dernière connexion de la clé au PC max Roos or le téléphone d’EL HADDAD borne à ces heures-là à Max Roos. Il reçoit sa mission comme d’autres ce soir-là car plusieurs membres de la cellule sont présents. 

Dès qu’il reçoit cette clé, il la cache tellement bien qu’on ne la retrouve pas lors de la perquisition le 24 mars mais elle sera saisie le 9 juin lors de la seconde perquisition. 

Il déclarera ne pas en avoir parlé car les enquêteurs avaient déjà le contenu via le PC max roos. Mais il sait surtout que cela peut l’enfoncer. 

Il aurait pu jeter cette clé mais non, il la conserve car EL BAKRAOUI lui a demandé et qu’il s’est engagé à porter les messages à leurs destinataires. Il ira jusqu’à coller une étiquette du RCCU pour berner les enquêteurs lors de la nouvelle perquisition. Il n’avait pas encore porté les messages car une fois les attentats passés, on se dégonfle un peu, on procrastine. 

Sur base des éléments cités ci-dessus, les procureurs ont ensuite fait leurs réquisitions.

Ils demandent la condamnation en tant que participant à un groupe terroriste. 

Dans ce dossier, EL HADDAD sait qu’il participe à une infraction. Tous les éléments mis ensemble prouvent cela à suffisance : 

  • Il connait la radicalisation d’Ibrahim : il a suivi l’évolution des frères EL BAKRAOUI, il ne s’est pas distancé ce qui prouve qu’ils étaient un petit peu sur la même longueur d’onde.
  • Il a vu ATAR avec les frères EL BAKRAOUI et se rend compte de son air conspirateur et malgré tout il reste
  • Sur BAKKALI il dira : « oui c’est un religieux et alors ». Cette phrase dans le contexte de l’époque, cela fait en soi réfléchir, une époque où les quartiers se vident des jeunes qui partent en Syrie.
  • Témoignage de EL HAJMI : « On en a parlé EL HADDAD et moi. On a tout remis en question, on était incrédule ». EL HAJMI a déclaré on aurait dû aller à la police. EL HAJMI disparait mais EL HADDAD continue d’aller aux casernes et de les aider autrement lorsque cela devient trop nauséabond.
  • Il sait lorsqu’EL BAKRAOUI lui demande des armes alors que celles-ci ont fait des dégâts déjà par le passé (attaque de Charli HEBDO, de la cellule de Verviers ou encore l’attaque manquée du Thalys). Il sait et c’est à lui qu’on demande d’aller en chercher. Il sait que c’est pour remettre le couvert.
  • Il sait qu’EL BAKRAOUI n’agit plus comme un braqueur en cavale mais qu’il a versé dans le terrorisme. BAKKALI savait que les frères préparaient quelque chose de « terro » mais sans plus de précision alors comment EL HADDAD aurait pu l’ignorer, leur si grand ami.
  • Quand il retourne à Max Roos le 21 mars 2016, il arrive en pleine veillée d’âmes dans un appartement jonché de bac, et avec des odeurs d’ammoniaque et trois sacs noirs qui se trouvent dans le hall. Il sait.
  • EL HADDAD connait les horaires de l’aéroport. « Un frère nous a dit qu’il y avait des vols américains, russes et israéliens ». Il savait.

Depuis longtemps il les côtoie, jamais il ne les a dénoncés et il ne s’est pas déporté. C’est vraiment l’un des leurs. On peut avoir confiance en lui, il démarre au quart de tour aux paroles d’Ibrahim, il joue les chauffeurs de jour comme de nuit, livre des pizza, va chercher des armes. 

Il a fait le choix de continuer à aider tout en sachant.

Sur la question de savoir s’il avait interrogé les frères EL BAKRAOUI sur leur projet, il répond : « Non, je n’ai pas posé la question, pour moi, après les braquages qu’il a commis, il revenait à une vie normale ». Selon la Cour de Cassation : Ce n’est pas parce qu’il n’a pas demandé qu’il peut se dédouaner mais il veut participer à n’importe quelle infraction déterminée. 

Pour tous ces éléments il doit être condamné comme co-auteur des assassinats et tentative d’assassinats.

Jeudi 1er juin : réquisitions à l'encontre de Salah ABDESLAM et Sofien AYARI

L'audience a repris le 1er juin avec les réquisitions à l'encontre de Salah ABDESLAM.

Salah ABDESLAM

Pour la rue du Dries, il a uniquement été jugé sur les tentatives d’assassinat à l’égard des policiers et la détention d’armes mais pas sa participation à un groupe terroriste. 

La cellule des attentats de Paris était composées de 3 équipes de 3 personnes : 

  • 1ère équipe : kamikaze du stade de France
  • 2e équipe : commando armé qui mitraille les terrasses + kamikaze (Frère ABDESLAM)
  • 3e équipe : Bataclan

Au terme des investigations, il ressort que Salah ABDESLAM avait quitté la Belgique pour participer aux attentats de Paris mais avec une ceinture défectueuse. Il est donc revenu en Belgique. La cellule de Schiphol (KRAYEM et AYARI) est également revenue à Bruxelles sans commettre de faits. 

La location de la cache de la rue du Dries date du 2 décembre 2015, après la période infractionnelle des attentats de Paris (qui se termine le 18 novembre). Les locataires n’étaient pas simplement en fuite de Paris mais ils faisaient partie d’une seconde cellule qui préparait les attentats de Bruxelles. 

Salah ABDESLAM a fait partie de la première cellule et y a beaucoup aidé. Il a voulu atteindre le martyr mais sa ceinture n’a pas fonctionné. Cela montre à quel point de rupture il est arrivé par rapport à notre société. 

Une fois à Bruxelles, il est rentré rue Henri Berger, volontairement, dans la cellule terroriste (LAACHRAOUI, EL BAKRAOUI, ABRINI, BELKAID, AYARI).  Une période de transition, de réflexion s’ouvre alors entre le 13 novembre et le 1er décembre pour décider de continuer ou non avec leurs frères. ABRINI a déclaré : « Après Paris, on sait qui est recherché. Après un moment, le calme est revenu. On nous disait qu’il fallait continuer à travailler avec eux. J’ai pensé à partir. (…) Je savais que ce serait les derniers attentats car c’était la dernière cellule. (…) » 

ABDESLAM a déclaré : « J’ai pensé aller en terre du Sham mais c’était une idée de Sheitan. La meilleure des choses était de finir le travail avec mes frères ». Deux personnes du groupe de Paris sont reparties en Syrie sans aucun problème. Le candidat au martyr peut faire autre chose. Tous auraient pu renoncer à travailler à ce nouveau projet. Salah ABDESLAM ne convainc pas lorsqu’il dit qu’il a seulement voulu se cacher. 

ABDESLAM a réfléchi, il veut s’associer au nouveau projet et continuer à travailler. Il dira dans une lettre qu’il veut par contre être mieux équipé. Il veut suivre le chemin de son frère qu’il admire. Il écrira à sa mère que c’est un héros. Il dira également : « J’ai aussi pris ce chemin car c’est celui de la vérité, celui qui s’en écarte ira en enfer ». 

Il est animé par un engagement sans faille pour la doctrine islamique. Il est toujours dans cette même idéologie. Ce qui lui permet de justifier ses actes sont les termes de la propagande islamique sans remettre quoi que ce soit en question même après le désastre de Paris. 

ABDESLAM écrira après Paris : « Allah nous a prescrit le combat. Il est une obligation pour tous les musulmans ». Il a renouvelé sa nia (= allégeance) après la première attaque (voy. PV5227 de 2018). 

Son engagement le pousse à rester avec la deuxième cellule. Selon ABRINI, Salah ABDESLAM a été mis au parfum, oui il devait participer. Si vous étiez dans les planques, c’est que vous étiez prévu pour les attaques. 

Les déménagements se font en fonction des perquisitions, des enquêtes. La location de la rue du Dries permet de réunir les personnes de la deuxième cellule. Ils y seront à 6 et disposaient de plusieurs armes à ce moment-là. Outre les armes, on y retrouve un sac de boulon. 

Le but de cette seconde cellule est commun. Ils forment alors jusqu’au moment de leur arrestation, un groupe terroriste. Le groupe vit dans la clandestinité nécessaire. Des personnes sont recherchées, d’autres ne le sont pas. 

La cellule est opérationnelle, ils sont prêts. Chacun a son arme y compris ABDESLAM, il n’est pas mis à l’écart. Ils attendent le bon moment pour agir mais ils se réunissent, discutent des cibles, … 

ABRINI : « C’est dans ce but [commettre des attentats] qu’ABDESLAM est revenu dans la deuxième cellule ». ABDESLAM connait les plans, il adhère au dessein du groupe et il facilite leur plan. Il ira chercher des terroristes à Ulm et il sait de quoi ils sont capables. 

Lorsqu’ABDESLAM nie tout et affirme qu’il n’était au courant de rien, il ne fait qu’appliquer les conseils que BAKALI lui donne à la prison de Bruges. Ce qu’ABDESLAM ignore ce sont les cibles effectives qui seront choisies mais il connait les plans, le projet global. 

Les plans se discutent bien à la rue du Dries avec tous les participants. ABRINI déclarera : « Lorsque nous étions à Dries, il était question de l’euro 2016 ». Si ABDESLAM ne connait pas les détails exacts, il accepte que le modus operandi soit décidé par la Syrie. Accepter de ne pas tout savoir ne signifie pas qu’on est pas responsable. Il doit avoir connaissance du but et de la nature de l’infraction, une connaissance précise n’est pas nécessaire. Il veut participer à n’importe quelle infraction déterminée. 

Il a passé 3 mois et demi avec ses frères radicalisés, il est lui-même radicalisé et il veut venger son frère. Il écrit des lettres d’adieu à ses proches. Le projet d’attentat est certain, il le connait. 

Qui devait participer à l’attentat de l’euro 2016 ? ABRINI citera clairement ABDESLAM.

Fin décembre, le projet d’utiliser des explosifs existe. 

Le logement de la rue du Dries ne convient pas pour la cellule. La possibilité d’utiliser plusieurs logements permet également de protéger la cellule. Elle va donc louer un deuxième appartement. A partir du 19 janvier et au plus tard le 21 janvier (date de location de Max Roos), le projet de fabrication du TATP est établi. 

C’est la même cellule divisée dans deux appartements. Dans chaque cache, il y a un émir (BELKAID et LAACHRAOUI), un combattant aguerri (AYARI et KRAYEM) et quelqu’un qui connait bien la Belgique (ABDESLAM et ABRINI). Les équipes sont interchangeables. 

Selon KRAYEM, « ABDESLAM n’est pas digne d’être à nos côtés car il n’a pas le niveau de foi. Il n’a pas sa place dans une cellule islamique ». Il fallait donc mieux les séparer puisqu’ils ne s’entendent pas. C’est donc ABRINI qui est envoyé à Max Roos et non ABDESLAM puisque KRAYEM sera utile à la fabrication du TATP. 

Dans les caches, chacun à son arme. On retrouve énormément de chargeur à la rue du Dries, le seul but peut correspondre à une tuerie de masse. La saisine des chargeurs à la rue du Dries va déstabiliser la cellule et ils ne seront heureusement pas utilisés à Zaventem. Il y a des armes également à la rue Max Roos (voy. photos retrouvées dans l’ordinateur). 

Rue du Dries, on retrouve également des détonateurs et une guirlande. Cette guirlande la défense avance qu’elle appartenait aux anciens propriétaires. Mais l’utilisation des guirlandes comme déclencheur est une technique classique des terroristes (déjà retrouvée à Verviers). Les lampes sont adéquates et de bonne qualité. 

Les écoutes de la sûreté de l’état indiquent qu’ABRINI précise l’usage de cette guirlande à NEMMOUCHE. 

On retrouve également une bonbonne de gaz à la rue du Dries. Elle a été achetée le 10 février 2016. Audio de LAACHRAOUI : « tu vois la bonbonne de gaz, moi je pensais les vider, les remplir de TATP et les faire exploser. Le métal de la bonbonne ça va servir de chambre à air de grenaille, tu vois ». 

On retrouve un rouleau à tarte également rue du Dries (tout comme à Max Roos). Ce rouleau sert à étaler le TATP pour le faire sécher. Celui de Max Roos est utilisé ce qui n’est pas le cas de celui de la rue du Dries. 

Chaque semaine, ils parlent de testaments. Cela semble donc impensable qu’ils ne parlent pas d’attentats. 

On retrouve les empreintes d’ABDESLAM sur plusieurs chargeurs. 

Le 15 mars 2016, la cellule est opérationnelle, elle est prête. Elle n’attend que le feu vert de l’EI. Les audios montrent que le groupe est bien soudé malgré l’existence de deux caches.

Seule la cible et la date sont inconnues dans le chef d’ABDESLAM. Un message audio signale : « Devons-nous partir tous ensemble ou l’un et puis l’autre ». ABDESLAM s’est engagé à commettre un attentat et il a posé les premiers actes participatifs. Il est donc un participant actif. C’est également lui qui a été chercher, à Ulm, KRAYEM et AYARI pour qu’ils commettent les attentats. Il leur a également fourni des faux papiers. Il a aidé la deuxième cellule à fonctionner puisque cette aide a été indispensable à la réalisation des attentats. Sans KRAYEM et AYARI, les attentats n’auraient pas été possibles. 

Il va également chercher LAACHRAOUI et BELKAID en Hongrie. Sans ces 4 personnes, il est certain que les attentats n’aurait pas été organisés. 

KRAYEM déclarera : « Le 15 mars, le projet a changé. Les frères EL BAKRAOUI ne devaient pas mourir, c’était Salah qui était prévu.  Schiphol a alors été abandonné pour Zaventem. »

Les frères EL BAKRAOUI n’auraient donc pas dû mourir mais reprendre la direction de la cellule pour perpétrer d’autres attentats. Selon KRAYEM, Ibrahim avait pour mission d’accueillir les nouveaux kamikazes. Il dira encore s’il n’y avait pas eu l’arrestation d’ABDESLAM, il y aurait eu beaucoup d’autres attaques en Europe, mieux organisées. 

Le 15 mars, ABDESLAM ne met pas fin à sa participation d’un groupe terroriste. Il emmène AYARI avec lui, qui ne connait pas Bruxelles. Il garde un téléphone pour être contacté par la planque Max Roos. C’est la perte de ce téléphone qui a compliqué les choses. 

KRAYEM a dit : « Suite à l’arrestation d’ABDESLAM, ils avaient peut-être peur qu’ABDESLAM ou AYARI parlent ou qu’ils se fassent prendre ». Un SMS adressé à Hamza est envoyé depuis la rue Max Roos. Or Hamza, c’est AYARI. Comment expliquer l’énervement de la cellule à Max Roos si les deux caches étaient cloisonnées, pourquoi les rechercher si ce n’est parce qu’ils ont un rôle à jouer dans la commission des plans qui sont prêts. Lorsqu’ABDESLAM et AYARI fuient, ils étaient dans la phase finale de la préparation de leur projet sordide. 

Les victimes ne sont que des chiffres, seul compte la terreur dans le but de faire changer la politique de l’État Belge par rapport à l’EI. 

Pourquoi lors de ses interrogatoires précédant les attentats de Bruxelles, ABDESLAM élude les faits (ne parle pas de Jette, n’identifie ni LAACHRAOUI ni les frères EL BAKRAOUI ni KRAYEM, dira qu’ABRINI n’a rien avoir et qu’il ne l’a jamais vu dans les planques, nie être allé à Ulm). Pourquoi cacher tout cela si ce n’est pour cacher ce qu’il se préparait. 

Il ne parle que de deux personnes qui ne sont pas susceptibles de mettre les plans de la cellule en danger : BAKALI (emprisonné) et BELKAID (décédé). Il fera également usage de son droit au silence. Son silence, protégeant les membres de la cellule, ne correspond-t-il pas à une aide indispensable ? 

Sur base de tous ces éléments, les procureurs demandent une condamnation comme co-auteur, pour les deux sites, pour assassinats, tentative d’assassinats ainsi que requalification pour les 4 personnes. 

Sofien AYARI

Il a participé aux activités d’une cellule terroriste au sens du code pénal. 

« Vos avions bombardent des innocents en Syrie et tout le monde s’en fout. Je suis allé en Syrie pour aider des innocents ». 

En Syrie, il gravit rapidement les échelons et termine comme membre de la LIWA ASSADIQUE. Il participe à des combats sur place. KRAYEM dira clairement qu’AYARI est un soldat de l’EI bien que ce dernier le nie.  Rappelons que la LIWA ASSADIQUE est une force d’élite. Cette dernière avait également pour mission de réaliser des missions en dehors de la Syrie. BELKAID, lorsqu’il est convaincu de venir en Europe, a pris avec lui les meilleurs combattants qu’il avait sous ses ordres dont AYARI qui avait soif de vengeance par rapport à ce qu’il a vu en Syrie. Il voulait faire à la population européenne ce que l’Europe a fait à la population syrienne. 

Ce n’est pas un hasard que l’EI ait pris des membres de la LIWA ASSADIQUEpour perpétrer les attentats : ce sont les combattants les plus aguerris, les plus préparés, les plus fanatiques. 

AYARI était très proche de BELKAID. AYARI avait déclaré à ce dernier qu’il voulait retourner en Syrie où au moins on pouvait faire des choses. Sa prétendue volonté de retourner au Sham n’est corroborée par aucun élément concret du dossier. 

En quittant la Syrie, il arrive en Belgique. Il dira que c’est un hasard et qu’il a suivi le flux des migrants. Ce n’est pas un hasard, il fait la route avec ALKALT et KRAYEM. ALKALT n’a fait le trajet que pour montrer à LAACHRAOUI comment fabriquer du TATP, après il retournera en Syrie avant les attentats.

Les retours en Europe ont été fait par grappe, en fonction des affinités, des langues, des nationalités. Ici, ce sont les membres de la LIWA ASSADIQUE, les membres étrangers et ils savent qu’ils sont liés par la même mission. 

En restant dans les planques après le 1er décembre 2015, il a démontré sa volonté de faire partie de la cellule terroriste et de continuer à perpétrer des attentats. 

Il avait la confiance d’un émir ce qui booste les autres. Sa présence dans les caches vient renforcer sa détermination à être membre d’une cellule terroriste. Il aurait pu disparaitre après Paris, mais non, il retourne dans les caches. Il est empêché de mener à bien son projet uniquement du fait de son arrestation sinon il aurait eu une place de choix dans les commandos. 

On retrouve ses traces ADN rue du Dries et à Jette. On retrouve ses empreintes sur les emballages de feu d’artifice. La présence de feu d’artifice n’est pas un hasard pour la mise à feu des bombes. Suite à la découverte du Dries, il a fallu trouver un autre moyen de mise à feu. 

On retrouve également ses empreintes sur deux chargeurs de kalachnikovs. Tant AYARI que KRAYEM et BELKAID savaient manier parfaitement les armes de leur expérience en Syrie et ils s’occupent de les nettoyer. AYARI n’a donc pas servi uniquement de coursier. 

Son empreinte sur un sac à dos à Max Roos prouve qu’il y a eu des contacts entre les deux planques même s’il ne s’y est pas rendu lui-même. 

AYARI qui n’avait jamais vécu en Belgique avait l’avantage de ne pas être connu ici. Le fait qu’il ne soit pas connu présente un avantage de taille pour le groupe : il peut sortir faire les courses. 

EL BAKRAOUI est inquiet des deux personnes en fuite après le 15 mars car il en a besoin. Le fait qu’il s’adresse à HAMZA prouve qu’il avait besoin d’AYARI car c’est un combattant confirmé ce qu’ABDESLAM n’est pas encore. 

Khalid EL BAKRAOUI décrira un rêve où il est notamment accompagné d’HAMZA et où il réalise une mission sanglante. L’EI dira que c’est une vision véridique où il sera amené à faire une grande opération. Son rêve sera repris dans la revue de l’EI : « J’ai eu une vision, chacun de nous (dont « un autre frère ») tenait un soldat turc avec des armes et une ceinture. J’ai détonné ma ceinture tuant des soldats, ma tête est alors tombée au sol ». 

L’audio du rêve parle d’HAMZA mais dans la propagande l’EI, il est connu sous le nom de l’autre frère. On ne mentionne pas son nom car il est toujours vivant et en fuite. Dans la propagande, on ne parle que des frères morts car attirer l’attention sur les vivants, même ayant participé, peut les mettre en danger. 

Un complice était complice de tout et il n’est que dû au hasard qu’AYARI et ABDESLAM aient été rue du Dries et non à Max Roos. Avec un peu plus, c’était ABDESLAM l’homme au chapeau et ABRINI caché dans une cave. Les kamikazes auraient été différents mais pas les faits. 

AYARI était déjà arrêté le 22 mars mais il peut être coauteur sans être présent. 

Par sa présence dans les caches, il a participé à la cohésion et la détermination du groupe. 

Les achats des précurseurs ont démarré avant le 15 mars 2016. Le TATP était fabriqué également pour AYARI.

Lorsque les achats ont commencé, AYARI est libre et il a choisi de rester. 

La Cour d’assises de Paris l’a condamné pour les attentats de Paris alors qu’il se trouvait à Schiphol avec KRAYEM. La Cour indique : 

  • Rallié lui-même à l’EI, il connaissait l’engagement des autres et y a participé en connaissance de cause.
  • Au contact direct des membres de la cellule, il a pu avoir une connaissance suffisante des plans du 13 novembre.
  • Il avait connaissance de la fabrication du TATP.
  • Ce n’est pas parce qu’il n’était pas présent qu’il n’a pas participé.

Il en va de même pour Bruxelles, il était peut être arrêté mais il connaissait tous les plans. 

On a peut-être pas retrouvé de testament pour lui mais AYARI a déclaré : « Quand j’étais en Syrie, j’ai écrit un testament avant de partir au combat. Quand on part au combat, on fait un testament car on sait qu’on peut mourir ». Il faut retenir que tout le monde faisait un testament. Ce que recherchait AYARI en venant en Belgique, c’était ça, faire un attentat martyr. 

Il doit être considéré comme co-auteur. En se taisant lors de son arrestation, il couvre les autres afin de leur permettre de réaliser leur projet. 

Les procureurs demandent une condamnation comme co-auteur pour assassinat, tentative d’assassinat et membre d’une association terroriste.

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