Treizième semaine du procès
Newsletter résumant la treizième semaine du procès (06/03/2023)

Bienvenue dans la treizième édition de la newsletter de V-Europe. La newsletter de cette semaine est rédigée par Me Nicolas Estienne, avocat de nombreuses parties civiles pendant ce procès en tant que membre de l’équipe de défense de V-Europe. La semaine a été consacrée aux témoignages de parties civiles de l'attentat de Zaventem.

Vous souhaitez recevoir cette newsletter par mail ? N’hésitez pas à envoyer un mail à Florian Jehin : florian.jehin@v-europe.org.

Sommaire

  • Jeudi 2 mars : commentaires des parties
  • Lundi 6 mars : témoignages de médecins et de parties civiles
  • Mardi 7 mars - Jeudi 9 mars : témoignages des parties civiles

Jeudi 2 mars : commentaires des parties

La semaine précédente devait commencer par les commentaires des parties suite aux auditions, longues de plusieurs semaines, des enquêteurs. Elle a finalement débuté par l’annonce du décès du conseil de l’un des accusés, Maître Sébastien Courtoy. La Présidente a décidé, lundi, de lui rendre un hommage sobre et solennel en présence du bâtonnier du Barreau de Bruxelles. Quelques jours ont été accordés au collaborateur de Me Courtoy pour réorganiser la défense de son client. 

C’est donc jeudi que l’audience a été reprise, afin de permettre aux parties de livrer leurs commentaires. Les Procureurs fédéraux ont insisté, dans leurs commentaires, sur la qualité et l’ampleur de l’instruction menée, ainsi que sur les détails confondants à l’égard des accusés qu’elle a pu révéler. 

Ce fut ensuite au tour des parties civiles de prendre la parole. Nous avons, du côté de V-Europe, insisté sur l’importance de l’étape franchie dans ce procès, qui nous a permis d’en savoir davantage sur le rôle exact de chacun des accusés. Si une enquête a toujours ses limites, ses zones d’ombre, nous avons le sentiment que les 300 cartons de procédure n’ont laissé que très peu de questions sans réponse. Nous avons été impressionnés par la connaissance précise, nuancée et chirurgicale du dossier dont ont fait preuve les trois juges d’instruction et leurs experts et enquêteurs. Nous avons été impressionnés aussi par les moyens techniques et humains déployés dans cette enquête. Rien n’a été laissé au hasard : toutes les portes ont été ouvertes, toutes les pistes ont été exploitées, celles qui ne donnaient rien ont été refermées. Seules subsistent celles qui ont mené les accusés devant la Cour. Nous avons affirmé notre conviction que l’acte d’accusation reprend fidèlement l’ensemble des éléments présentés par les juges d’instruction et enquêteurs. 

Nous avons rappelé, aussi, la possibilité qui était offerte depuis sept ans aux accusés de solliciter des devoirs d’enquête complémentaires, possibilité qui n’a été que très peu utilisée par la défense. Nous avons enfin appelé à ce que la défense des accusés ne se résume pas aux voies sans issues que sont le mutisme, le refus de répondre, ni la minimisation des éléments à charge. Toutes ces stratégies étant exclusives de la moindre remise en question. 

La défense a pris la parole ensuite, sans affaiblir la solidité des éléments de preuve présentés par les juges d’instruction et enquêteurs. 

L’audience a été suspendue pour laisser place, enfin, à la parole des victimes. L’occasion, pour nous tous, de rappeler la raison d’être de ce procès.

Lundi 6 mars : témoignages des médecins et parties civiles 

La matinée a été consacrée à l’audition de plusieurs médecins qui sont intervenus dans la prise en charge de plusieurs victimes : le Dr Serge GENNES (spécialiste des grands brûlés à l’Hôpital militaire de Never-Over-Heembeek), le Dr Thierry LEJEUNE (spécialiste de la réadaptation aux Cliniques Universitaires Saint-Luc), le Dr Gérald VAN GEERT (ORL) et le Dr Nadia KADI- VAN ACKER (psychiatre).

On retiendra notamment de l’audition du Dr GENNES que les victimes gravement brûlées « sont des martyrs », tant les souffrances qu’elles doivent endurer sont importantes. 

Pour sa part, le Dr VAN GEERT a donné d’éclairantes explications sur les troubles auditifs causés par les explosions et notamment sur les acouphènes, dont il a rappelé qu’ils sont sources d’un « inconfort majeur, associant troubles attentionnels et troubles du sommeil » (« La victime ne pourra plus jamais retrouver un moment de silence »).

Quant au Dr Nadia KADI-VAN ACKER, elle a brossé un tableau très complet des traumatismes psychiques subis par les victimes des attentats (PTSD et syndrome anxio-dépressif). Elle a expliqué que les traumatismes psychiques sont principalement la conséquence d’un « effet de surprise » ou d’impréparation par rapport à l’attentat (« On ne s’y attend pas »), même pour les premiers intervenants, associé à un sentiment d’horreur, d’impuissance, d’abandon et d’insécurité permanente (« On perd le contrôle. Le trauma isole complètement du monde extérieur. L’ennemi est invisible et donc il est partout »). Le Dr KADI-VAN ACKER a également insisté sur les répercussions que les traumatismes psychiques entrainent pour les proches (« On peut ne plus se sentir en lien avec sa famille »). Elle a aussi précisé que le trauma le plus important survenait, comme en l’espèce, lorsqu’il s’agit d’un trauma intentionnel ou interpersonnel (volonté de détruire l’autre qui est réduit à l’état d’objet), bien plus fort que pour un trauma accidentel (accident de la route, catastrophe naturelle, maladie).

Les jurés se sont montrés particulièrement attentifs tout au long de cette matinée, en posant plusieurs questions aux différents médecins présents à la barre.

En début d’après-midi, la première victime à être entendue fut Béatrice LASNIER de LAVALETTE, qui avait 17 ans au moment de l’attentat de Zaventem. Elle a dû être amputée des deux jambes et conserve une paralysie complète du bassin, outre d’importantes brûlures et une perte d’audition à l’oreille droite. Béatrice a notamment expliqué comment elle avait été confrontée à l’angoisse d’une mort imminente : « J’ai compris qu’il y avait un triage. J’étais labellisée comme rouge, ce qui signifie, je l’ai compris par la suite, qu’on a pensé qu’il y avait peu de chance que je survive ».

Elle a également insisté sur le fait qu’il lui a fallu une énorme force mentale pour « réapprendre à vivre autrement », tout en expliquant que c’est grâce à son cheval et à l’équitation (elle est aujourd’hui membre de l’équipe américaine d’équitation et a participé aux Jeux Paralympiques de Tokyo en 2021) qui l’ont aidée en ce sens (« Dès que j’ai vu mon cheval, j’ai compris qu’il y avait quelqu’un qui attendait que j’aille mieux. Parce que pour moi, à 17 ans, je pensais déjà que c’était la fin de ma vie »).

Le récit de Béatrice a été d’une grande dignité et émotion. Plusieurs médias en ont fait le récit, notamment la RTBF (FR) et la VRT (NL).

La présidente de la Cour d’assises a ensuite lu un très beau texte rédigé par Madame Virginia BALDWIN, veuve de Monsieur Bruce BALDWIN, un agent diplomatique américain en poste à l’Otan, décédé à Zaventem. 

Elle a également lu l’audition de Madame Miriana SCINTU, maman de Jennifer WAETZMANN-SCINTU, également décédée à Zaventem alors qu’elle n’avait que 29 ans et qu’elle était mariée depuis peu, sans avoir pu avoir un enfant (ce qu’elle espérait ardemment).

Mardi 7 mars : témoignages des parties civiles

La matinée a commencé par l’audition de Madame Nidhi CHAPHEKAR, hôtesse de l’air pour une compagnie aérienne indienne, qui a été gravement blessée le 22 mars 2016 à l’aéroport de Zaventem.

Nidhi a notamment insisté sur les très importantes répercussions que l’attentat a eues sur son mari (« Il a dû porter un fardeau énorme ») et ses enfants (« Dans ce genre de situation, ce sont les enfants qui encaissent le plus »). Elle a également fait état des conséquences physiques, psychologiques, sociales et financières de l’attentat pour elle, précisant qu’il lui est aujourd’hui impossible de trouver un nouvel emploi dans une compagnie aérienne (« En Inde, pour voler, il faut être beau, présentable, ne pas arborer de cicatrice et ce n’est plus mon cas »). La RTBF (FR) et la VRT (NL) ont relayé son témoignage.

C’est ensuite Madame Karina PONNET qui s’est présentée à la barre. Madame Karina PONNET est l’épouse de Nic COOPMAN, qui a été mortellement fauché par la deuxième bombe. Elle a expliqué la détresse avec laquelle, pendant trois jours, elle a recherché son mari dans plusieurs hôpitaux, en pensant qu’il devait être dans le coma et qu’il ne pouvait dès lors pas entrer en contact avec ses proches. Ce n’est que le 25 mars qu’elle a été prévenue du fait que Nic était décédé.

Avec beaucoup d’émotion, elle a dit : « Je n’étais pas là quand Nic est né et quand il est décédé. J’aurais voulu vieillir avec lui, m’occuper de lui s’il devenait malade ou s’il avait perdu ses deux jambes lors de l’attentat ». Madame PONNET a encore insisté sur le fait que « Nic n’était pas au mauvais endroit au mauvais moment. Ce sont les terroristes qui n’avaient pas le droit d’être là, avec les intentions qu’ils avaient. Toutes les autres personnes étaient au bon endroit au bon moment ». Son témoignage a été relaté dans Le Vif (FR).

Au cours de l’après-midi, la Cour a entendu Madame Loubna SELASSI, épouse de Monsieur Abdellah LAHLALI, bagagiste à l’aéroport et gravement blessé (amputation d’une jambe) à la suite de l’attentat. Son témoignage a été particulièrement éclairant pour démontrer les importantes répercussions de l’attentat sur les proches, Madame SELASSI ayant notamment expliqué qu’elle n’avait pas pu s’occuper de ses deux enfants pendant les trois mois où son mari était hospitalisé à Anvers : « Toute la famille a été attaquée, brisée, amputée ». Elle a également expliqué les difficultés considérables qu’elle et son mari ont rencontrées avec les compagnies d’assurance, Monsieur LAHLALI étant resté pendant de nombreux mois sans prothèse de jambe en raison du refus de l’assureur accident du travail de financer l’acquisition du matériel (« Je regrette que l’Etat nous a laissés entre les mains des assureurs. On a besoin d’aide et non de jugements. Au lieu de cela, on est jugé, ausculté en permanence »).

Madame SELASSI a encore souligné l’énorme détresse de son mari : « Il est enfermé non pas dans un box mais emprisonné dans un corps qu’il n’arrive pas à accepter ». Pour elle, « Le 22 mars m’a privé de mon mari », « Je me sens seule et abandonnée ; mon cœur est blessé ; j’ai perdu foi en l’être humain et en moi-même ». Ce témoignage a été repris par la RTBF (FR).

L’audience a aussi permis d’évoquer la mémoire de Stéphanie et Justin SCHULTS-MOORE, d’Elita WEAH et d’Adelma TAPIA RUIZ, tous les quatre décédés des suites de l’attentat.

Mercredi 8 mars : témoignages des parties civiles 

La journée a commencé par l’audition de Madame Janet WINSTON, qui était présente à l’aéroport avec son mari et qui ont l’un et l’autre été blessés. Elle a commencé son témoignage en relevant que « dans le monde animal, il n’y a pas de tribunal ». Elle a expliqué avoir pu donner les premiers secours à plusieurs victimes et avoir dû vivre pendant plusieurs jours avec la hantise de savoir si elles étaient toujours en vie. La RTBF (FR) a repris son témoignage.

La matinée s’est poursuivie par l’audition de Monsieur Edmond PINCZOWSKI et de Madame Marjan FASBENDER, qui sont les parents d’Alexander et Sascha PINCZOWSKI, frère et sœur tous deux décédés à l’aéroport le 22 mars 2016.

Le papa était au téléphone avec son fils quand le réseau a été interrompu au moment même de l’explosion qu’il n’a pas entendue. Les parents ont dû faire une tournée des hôpitaux en recherche de leurs deux seuls enfants dont ils exhibaient la photo. Ils ont expliqué qu’ils ont pu, dans le cadre de l’enquête, visionner les images des caméras de surveillance : « Nous avons vu un des terroristes marcher vers eux, un jeune homme qui aurait pu être un de leurs amis. Je n’ai pu m’empêcher de penser s’il-vous-plait, partez de l’autre côté. Ils n’ont eu aucune chance, ils étaient pratiquement face à face avec leur assassin, qui a enclenché sa bombe, les tuant sur le coup. Ils ne sauront jamais qu’ils ont servi de bouclier pour une famille qui se trouvait derrière eux, lui sauvant probablement la vie ». Leur fille Sasha avait mené campagne sur les réseaux sociaux après les attentats de Paris pour s’élever contre le bullshit envers le monde musulman.

La présidente de la Cour d’assises a également lu un long témoignage de Madame Anne CAIN, épouse d’Alexander PINCZOWSKI, dont on retiendra plus particulièrement la phrase suivante : « J’étais une aventurière mais il était mon aventure ». La RTBF (FR) et la VRT (NL) ont repris ce témoignage.

Au cours de l’après-midi, la Cour a entendu Madame Danielle IWENS qui s’occupait du check in pour un vol dans la rangée 11 au moment des explosions. Elle a évoqué l’impact considérable des séquelles sur son entourage, et en particulier sur ses enfants : « Je ne suis plus la femme forte que j’étais avant. Je ne suis plus la même Danielle, la même épouse, la même mère, la même amie, que j’étais. Et c’est très dur à vivre ». Après 22 ans de carrière, elle a été licenciée pour force majeure médicale en 2022.

L’après-midi s’est poursuivie avec l’audition des parents de Bart MIGOM, décédé à l’aéroport, qui ont dû chercher pendant quatre jours pour savoir ce qu’il était advenu de leur jeune fils de 17 ans. RTL (FR) et la VRT (NL) ont relayé ce témoignage.

La journée s’est terminée par l’audition de Madame Caroline LERUTH, qui n’a pas été blessée physiquement, mais qui conserve un état de stress post-traumatique. Elle a expliqué qu’après s’être cachée à l’extérieur de l’aéroport, elle a décidé de rentrer dans le terminal pour porter secours à quelques victimes ; elle a aussi pris plusieurs photos et a plus tard écrit un livre. Elle a souligné que, selon elle, les secours ont mis beaucoup de temps pour arriver (plus de trente minutes).

Jeudi 9 mars : témoignages des parties civiles

La matinée a commencé par l’audition de Monsieur Sébastien BELLIN, ancien capitaine de l’équipe nationale belge de basket, qui a été gravement blessé à la jambe gauche et qui a été très proche de la mort, ayant perdu 50 % de son sang. Il a déclaré que « C’est l’amour pour la vie qui m’a sauvé ». Il a insisté sur le fait qu’il a été entouré par des gens extrêmement humains, avec de l’amour, de la compassion, en disant notamment que « pour les secouristes, cela a été plus difficile que pour moi ». Selon lui, « L’amour guérit tout. Toute ma carrière, j’ai mis le focus sur le physique. Mais avec les attentats, j’ai appris que l’amour est plus fort ».

Monsieur Sébastien BELLIN a terminé son témoignage en s’adressant aux accusés : « Je vous pardonne. En pardonnant, je me détache de ces atrocités, de la haine dont vous êtes accusés. Votre mission a échoué. Au lieu de me détruire, vous avez créé en moi un humain avec une énergie inouïe de compassion, de tolérance, d’ouverture d’esprit. Une humanité encore plus puissante, que même deux bombes n’ont pas pu éteindre en moi. Je suis devant vous comme un survivant. J’ai surmonté ces atrocités. Le pardon, c’est la dernière étape de ma guérison ». Son témoignage a été relayé par la RTBF (FR) et la VRT (NL).

La parole a ensuite été donnée aux quatre enfants de Monsieur André ADAM, qui est décédé à l’aéroport, et de Madame Danielle ADAM, qui a été très gravement blessée (amputation d’un pied). Ils ont rappelé que la disparition de leur papa les a profondément ébranlés, ainsi que les petits-enfants. Ils ont également fait part de l’immense détresse dans laquelle se trouve actuellement leur maman, dès lors qu’elle n’a presque plus de mobilité. BX1 (FR) et Bruzz (NL) font mention de ce témoignage dans leurs articles.

Dans l’après-midi, la Cour a entendu deux collègues de feu Monsieur Nic COOPMAN, ainsi que Madame Tiphaine SALMON, laquelle a notamment déclaré être « épuisée d’être contrôlée par le fantôme de ce jour » et espérer pouvoir « reprendre le contrôle de sa vie ».

La journée s’est terminée par l’audition de Monsieur Philippe VANDENBERGHE, qui travaillait à l’aéroport en qualité de géographe informaticien et qui, étant breveté en secourisme, est l’une des premières personnes à avoir porté secours à plusieurs victimes, avant l’arrivée des pompiers et des ambulances. Avec énormément de précision et d’émotion, Monsieur Philippe VANDENBERGHE a décrit le « parcours » qu’il a effectué, d’abord à l’entrée du terminal et puis à l’intérieur de celui-ci, et l’état des différentes victimes qu’il a essayé d’aider le mieux qu’il le pouvait. Son assistance a permis de sauver certainement deux ou trois personnes.

Avec beaucoup de dignité, il a expliqué n’avoir reçu que très peu de soutien de plusieurs officiels mais avoir reçu réponse écrite de J.J. Goldmann. L'Avenir (FR)Proximus News (NL) et Bruzz (NL) ont relayé ce témoignage.

La semaine à venir

La semaine suivante a aussi été consacrée aux témoignages des parties civiles.

Soutien et défense

V-Europe fournit un soutien à toute victime de terrorisme qui le demande. Au moins un de nos coordinateurs est présent chaque jour au procès, et porte une veste blanche distinctive avec le logo de V-Europe dans le dos. N’hésitez pas à leur faire remarquer votre présence si vous le souhaitez. Plus d’informations sur nos coordinateurs sur le site web de V-Europe, en appelant ce numéro : +32 10 86 79 98 ou par mail : info@v-europe.org.

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